Comment retrouver la vie?

Parmi les salariés en insertion, une thématique est fréquente en ce moment : comment se libérer de son passé? Comment malgré les traumatismes, la violence subie, les blessures de l'abandon, la maladie... retrouver la vie?

Les vécus sont bien différents mais les résultats sont souvent les mêmes: un cortège de pensées invalidantes, les retentissements sur le comportement, sur la capacité à rebondir, à entretenir des liens sociaux... autant de choses qui entravent gravement les projets et l'avenir.

Cette question est profonde et touche à des enjeux essentiels dans l’accompagnement des personnes en insertion : comment aider à se libérer d’un passé douloureux pour (re)trouver une dynamique de vie, malgré les blessures et les traumatismes ? 

Trouver un emploi à la Gerbe offre un répit dans les soucis que rencontrent nos salariés: Enfin quelque chose de stable et de positif! Enfin la sortie d’un tunnel!

Mais le relâchement quant aux combats pour survivre laisse la place aux retours des souvenirs anciens.

Les traumatismes, la violence, l’abandon ou la maladie laissent des traces durables. Les pensées invalidantes, l’isolement, la perte de confiance en soi et la difficulté à se projeter dans l’avenir sont des conséquences fréquentes. Il est important de rappeler que ces réactions sont normales face à des vécus anormaux.

Il est alors important pour ces personnes d'accueillir et reconnaître leur histoire.

Il est souvent bien douloureux de mettre des mots sur ce qui a été vécu, sans honte ni culpabilité et d'accepter la ribambelle des émotions qui accompagnent ces souvenirs. Toutes ces émotions sont légitimes et font partie du processus de guérison... même si elles entraînent des cauchemars, des troubles du sommeil, des angoisses.

Notre rôle est d’aider à trouver des professionnels et un entourage pour accompagner ce cheminement  

Il est aussi important d’aider à repérer les croyances limitantes : “Je ne vaux rien”, “Je n’y arriverai jamais”, “je ne retiens rien”… Ces pensées sont le fruit du passé, non une fatalité.

Progressivement vont apparaître  les petites victoires, à condition de se fixer des objectifs réalistes. Et on pourra ensemble célébrer chaque progrès, même minime.

L'activité est un bon support pour se sentir utile et favoriser la reconstruction. Le travail en équipe permet de développer de nouveaux liens. C'est l'opportunité de rompre avec l'isolement et d'oser s’ouvrir à de nouvelles rencontres, même si cela prend du temps.

Se libérer de son passé ne veut pas dire l’oublier, mais apprendre à vivre avec, à le mettre à distance, à ne plus le laisser guider sa vie. Le chemin est souvent long, mais il est possible. Chacun avance à son rythme, et chaque pas compte.

Sylvie CUENDET