Vers la réconciliation
- 15 juil.
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« Pomirenje », c’est le nom que Walter a donné il y a 20 ans environ à son initiative sociale. Cela signifie « réconciliation ». Tout un programme pour la Bosnie-Hérzégovine, l’un des sept pays composant l’ex-Yougoslavie, pays des Balkans qui a éclaté en 2001 après 10 ans de guerres successives.
Cette période de conflit a laissé place à de nouvelles économies locales à reconstruire ainsi qu’un taux de chômage de 40 % dans les années 2000. Des lendemains qui ne chantaient pas l’espérance…
C’est dans ce contexte que Walter, notre correspondant, brésilien, éducateur de métier, a fondé cette association, il y a plus de 20 ans à Zenica.
Les débuts ont été peu orthodoxes puisqu’il a commencé par accueillir chez lui des adolescents sans domicile et sans ressources. On peut le comprendre, la réaction des autorités ne s’est pas faite attendre : interdiction d’accueillir chez soi des mineurs, quand bien même ils sont en situation de grande précarité.
Walter a alors répondu : « vous avez raison, il vaut mieux que vous les preniez en charge ».
Cette réponse a coupé court au débat et les services sociaux ont permis à Walter d’accueillir ces jeunes dont personne ne voulait.
Aujourd’hui Pomirenje consiste en un centre d’accueil de jour au centre ville de Zenica qui reçoit entre 20 et 30 écoliers pour les accompagner dans des activités éducatives et ludiques. De l’aide aux devoirs, aux sports de plein air en passant par les gestes d’hygiène au quotidien l’équipe locale aide ses petits membres à se développer harmonieusement. Et à quelques kilomètres de là, l’association a petit à petit acquis des parcelles de terrain afin d’y implanter une ferme sociale où sont accueillis des personnes en situation de fragilité, voire de marginalité. Ce lieu calme et retiré porte à juste titre le nom de Vallée de la grâce.
La réconciliation est donc aussi celle de la réintégration des personnes, des familles, arrêtées sur le bord du chemin et qui ont besoin d’un compagnonnage de long terme pour « raccrocher les wagons ». Les situations sont complexes. Certains ont fait des erreurs de parcours, parfois graves, et se sont enlisés au point de ne plus pouvoir avancer. D’autres ont hérité de situations apparemment inextricables. Quand on nage avec une chaîne aux pieds, sans aide extérieure, la noyade est presque certaine. Mais finalement l’enjeu n’est pas celui de pointer les fautes, mais d’avancer vers plus de vie avec chacune des personnes concernées.
« Le Centre de jour accueille de nouveaux enfants issus de familles à risque, leur offrant ainsi une alternative à la rue et à la mendicité, et permettant à nombre d'entre eux de terminer leur scolarité et de viser même l'enseignement supérieur », nous dit Walter.
L’enjeu est bien plus que d’être dans une générosité béate qui aide les gens à survivre au quotidien sans vision pour leur avenir. Il s’agit d’ouvrir, pour chacun, la perspective d’une vie différente à partir de nouvelles manières de penser et d’agir.
La dynamique est aussi la même à la Vallée de la grâce où le temps de séjour (qui peut durer plusieurs années) constitue une opportunité d’apprendre ou de réapprendre à être stable, à porter le poids de sa propre existence, et, si possible, de contribuer au bien de la société.
Pour l’association, le fonctionnement n’est pas une mince affaire. Il y a bien sûr le soutien de donateurs, mais Walter est sans cesse à la recherche d’activités qui pourront générer des revenus, avec l’objectif d’amener la ferme sociale vers l’autonomie financière.
Dernièrement, Tiago, un volontaire venu du Brésil, propose de tester une activité d’apiculture. En parallèle, Walter lance aussi un petit élevage de poules en plus des cultures et des animaux déjà présents sur site. Cet été, comme à leur habitude, les pensionnaires de la ferme collecteront, entre autres, les tomates et les framboises et en feront des conserves et des confitures à vendre sur le marché local.
Dans la région, Pomirenje est la seule association à proposer de la domiciliation postale pour permettre à des personnes sans domicile fixe d’obtenir leur carte d’identité. Elle a aussi ouvert une maison d’accueil d’urgence pour les sans-abris.
A côté de cette dimension purement sociale, les projets continuent de foisonner pour tirer parti autant que possible du lieu magnifique dont dispose l’association. L’exploration actuelle concerne la possibilité d’implanter des chalets pour accueillir des touristes sur un mode d’éco-tourisme offrant notamment beaucoup de calme et de tranquillité.
Bien que Walter déploie encore énergie et motivation dans l’accompagnement de tous et notamment des adolescents, la prochaine étape est celle de trouver une famille qui viendrait s’établir sur place pour prendre le relais de la gestion de la Vallée de la grâce. En attendant, nous constatons avec satisfaction que ce lieu si particulier offre chaque année à de nombreux bénévoles l’opportunité de venir vivre un temps d’engagement et de sens pour renforcer l’impact de l’association auprès de ses bénéficiaires. Parmi les bénévoles, 8 scouts, introduits par La Gerbe, se rendront en juillet à Zenica pour plusieurs semaines. Ils viendront bénévolement prêter main forte pour l’encadrement des enfants, mais aussi pour participer à quelques travaux de la Vallée de la grâce. Merci à eux !













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