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Le confinement, pêle-mêle 1/2

Le chantier d’insertion porté par l’association La Gerbe a été lui aussi mis à l’arrêt le 16 mars lors du confinement. Tout le personnel en chômage partiel... mais Sylvie Cuendet, la responsable, a continué en télétravail à prendre soin de tous par téléphone et autres moyens techniques devenus indispensables. De même côté bénévoles, le téléphone a pris la relève, une vraie solidarité est restée entre toutes les équipes et les amitiés créées auparavant sur le lieu de travail se sont montrées au grand jour. Voilà quelques échos de ce vécu pendant cette drôle de période.

Mardi 17 mars 2020 : CONFINEMENT complet !!! Mille et un projets (en consolation ?): trier, ranger, jeter (?) ménage (en grand, évidemment !) et bien-sûr, lire “La peste”, “A la recherche du temps perdu” en entier (!) et la tour Eiffel de livres qui attendent sur ma table de nuit… et sans oublier : jardiner, cuisiner, coudre, et plein d’autres choses dont prier, réfléchir sur ma vie depuis le départ de mon Bernard... Lundi 11 mai 2020 : Dé-CONFINEMENT : 1 seul projet prévu réalisé !!! Et pourtant, dans cette atmosphère hyper lourde que je vivais, je ne voyais pas le temps passer : coups de fil réguliers et nombreux de nos filles et de nos petits-enfants, mes nombreux amis fidèles, dont mes amis de La Gerbe, innombrables messages sur tous les réseaux sociaux (oh combien chronophages !) mon heure de marche journalière sur le chemin en lisière de la forêt qui longe la maison, et confection de blouses et sur-blouses pour l’hôpital, masques…. Jeudi 14 mai 2020 : mon désir : retrouver au plus vite La Gerbe, mais je sais que je dois être prudente et « prendre soin de moi » mais ce n’est pas mon habitude… Brigitte, bénévole

La première semaine, ça s’est passé normalement. La deuxième semaine, comme mes enfants étaient petits, c’était difficile de rester à la maison. La troisième semaine, c’était

difficile de ne pas communiquer avec nos amis. Après, on s’est habitués, on est sortis se promener. Ça nous a donné un petit espoir que ça finira un jour et qu’on va revenir à une vie normale. Le plus difficile ? Rester toujours à la maison, ne pas inviter, ne pas voir nos amis. Avant on se retrouvait au parc avec nos amis : les enfants jouaient ensemble et nous on parlait avec nos amis. Le plus facile ? Pour moi, rien! Par exemple, avant j’apprenais le code de la route. Nous pensions, pendant le confinement, avoir beaucoup de temps mais en fait on n’arrive pas à utiliser le temps – c’est peut-être psychologique. Qu’est-ce que cette période m’a appris ? D’abord, il faut faire plus attention à la nature. Ensuite, j’ai appris un maximum de recettes. Par exemple, avant on achetait le pain et les gâteaux au supermarché ; mais pendant le confinement, on a cuisiné ça à la maison.

Tehmina

Pour moi le confinement a été une période à la fois agréable et difficile. Chaque jour, je travaillais le français pendant une heure avec les fiches envoyées par Anne et Sylvie B. Ce temps libre m’a permis aussi de lire la Bible et de prier. J’ai beaucoup téléphoné à ma famille, mes amis, à mes professeures de français et je prenais le temps de discuter longuement. J’ai fait des plantations dans les jardinières de mon balcon. Et, j’ai essayé de nouvelles recettes de cuisine. Ce qui était le plus compliqué, c’était d’être seule, de réfléchir à l’avenir : je n’arrivais pas toujours à bien dormir. Le travail, le contact social, l’activité physique m’ont bien manqué. Au bout de deux mois, je n’avais qu’une envie revenir à la Gerbe. Isabelle

C’était difficile de ne pas sortir, de ne pas parler. L’appartement est petit, sans jardin. Et mon garçon de 13 ans a besoin de faire beaucoup d’activités. Il avait peur du

virus, je devais beaucoup lui expliquer pour le rassurer. Sylvie m’a donné une machine à coudre et des tissus et j’ai fait des masques pour la Gerbe ; c’était très intéressant ! Un point positif ? Deux mois avec les enfants, c’est très bien. On a fait beaucoup d’activités ; je comprends mieux la psychologie de mes enfants. Et aussi, je pouvais me reposer, ça c’était très bien parce que je suis enceinte. Et j’ai fait beaucoup de choses à la maison : peindre, ranger, etc. On trouve que tout le monde était discipliné, qu’ils suivaient bien les instructions. Deux fois par semaine, Sylvie nous invitait à des réunions zoom avec les autres salariés ; nous étions très contents de voir tout le monde. Et Sylvie nous a beaucoup soutenus. Par exemple, j’avais peur d’aller à ma consultation à l’hôpital pour ma grossesse ; elle m’a beaucoup rassurée. J’appelais mes amis qui étaient seuls chez eux pour qu’ils se sentent moins seuls. Je me rends compte qu’il y a beaucoup de choses bien dans ma vie !

Rasha (et Ibrahim)

C’était difficile, je suis restée tous les jours à la maison avec mon fils. C’était un nouveau appartement (NB : Anju a emménagé la veille du confinement) : pas de télé, pas de

canapé, pas beaucoup de meubles et au début pas d’internet. Je suis quelquefois partie au magasin acheter à manger quelque chose, et à la Poste. Le positif ? 1- Je parle un peu mieux français, parce que deux fois par semaine Anne a appelé et on a parlé français. 2- Mon fils est très content de la nouvelle maison. 3- J’ai regardé des nouvelles recettes sur internet, pour bien manger pendant le confinement!

Anju

Dès le début du confinement, nous avons décidé de permettre à nos élèves de continuer leur apprentissage du français.

Chaque matin pour les faire progresser, 1 ou 2 fiches de travail leur étaient envoyées par email ou WhatsApp. Pour travailler le vocabulaire de base (se vêtir, se nourrir, repérer son chemin, identifier les membres d’une famille, se saluer, se présenter, parler des routines quotidiennes), nous leur avons proposé des mots mêlés, des mots à reconstituer, des images à nommer, des phrases à compléter. Le caractère ludique de ces exercices permettait aux salariés de s’exercer seul(e) ou en famille. Nous les avons encouragés aussi à travailler la prononciation avec internet.

Pour construire une phrase, il est nécessaire de savoir conjuguer. Nos élèves ont été aussi destinataires de fiches d’entraînement.

Les plus avancés se sont exercés à la compréhension du français sur des textes simples (recettes de cuisine, présentations d’œuvres d’art célèbres, textes sur la famille).

Certains ont eu des demandes plus particulières pour eux ou leurs enfants et nous avons répondu à leurs besoins.

Ne possédant pas d’imprimante, des salariés ont recopié les fiches à la main et nous les ont photographiées pour que nous puissions les corriger.

À côté de ce travail écrit, nous les avons appelés régulièrement pour prendre de leurs nouvelles, les rassurer, ou leur donner des informations sur la pandémie. C’était pour eux une bonne occasion de parler français.

Nous avions peur de retrouver nos élèves après le confinement, ne parlant plus qu’arménien, tibétain ou arabe, mais finalement cette période leur a permis de progresser en français… Comme quoi dans chaque situation, il y a une opportunité.

Sylvie et Anne

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